Du 20 au 22 mars 2018 a eu lieu le congrès Passenger Terminal Expo, qui rassemble des centaines de représentants de l’industrie aéroportuaire mondiale. À cette occasion, l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec (YQB) était invité à expliquer aux participants comment l’organisation s’y est prise pour devenir un modèle de développement durable dans son industrie.
Retour en cinq questions sur la conférence de notre vice-président, Infrastructures, M. Daniel Perreault.
Q.1. Quelle a été la motivation de votre organisation à prendre le virage vert ?
Le développement durable est une priorité pour YQB. Dans le cadre de sa politique de développement durable, l’organisation s’est engagée dans un processus d’amélioration continue de sa performance environnementale en intégrant les principes de développement durable dans sa planification et dans ses activités quotidiennes.
La bonne gestion environnementale de YQB a d’ailleurs été récompensée par l’obtention du niveau 1 de l’Airport Carbon Accreditation (ACA) l’automne dernier. L’ACA est un programme mondial de certification en matière de gestion du carbone mis en place par Airport Council International (ACI). Cette certification évalue et reconnaît la démarche de réduction des gaz à effet de serre entreprise par les aéroports et exige une vérification par un tiers indépendant. Elle comprend quatre niveaux de certification : l’inventaire (niveau 1), la réduction (niveau 2), l’optimisation (niveau 3) et la neutralité (niveau 3+). YQB devrait recevoir la certification de niveau 2 prochainement.
Q.2. Comment avez-vous donné vie à cette priorité, pour passer du rêve à la réalité ?
Afin de déterminer quelles étaient les mesures concrètes qui pouvaient être intéressantes pour nous, en fonction de notre environnement, de notre budget, de notre échéancier et de la nature de nos activités, nous avons octroyé un mandat à une firme spécialisée en études en économie d’énergie avant le début des travaux du projet YQB 2018. Celle-ci était responsable d’évaluer en quoi les nouvelles infrastructures pourraient être les plus écoénergétiques possible. À la suite de la réception du rapport, YQB s’est donné comme objectif de réaliser toutes les mesures qui y étaient proposées. Quelques exemples sont présentés dans la réponse à la question suivante.
Q.3. Quelles sont les principales mesures écoénergétiques qui ont été mises en place dans le cadre de YQB 2018 ?
Géothermie
La géothermie est maintenant une source d’énergie importante des installations de l’aéroport de Québec. Il s’agit d’une énergie propre et renouvelable qui provient du sous-sol terrestre et qui sert au chauffage et à la climatisation de l’aérogare. La nouvelle aérogare a sa propre centrale thermique qui comprend deux échangeurs à plaques branchés sur nos 54 puits qui transfèrent l’énergie du sol à notre circuit d’eau chaude. De plus, la chaleur dégagée par nos refroidisseurs à vis est aussi transférée à ce même circuit d’eau chaude, qui réchauffe l’aérogare par l’entremise d’un plancher radiant composé de 43 km de conduits.
Éclairage automatisé
Le système d’éclairage de la nouvelle aérogare internationale est muni de détecteurs de luminosité. Ce système fait en sorte que l’intensité de l’éclairage s’ajuste automatiquement en fonction de la luminosité naturelle. De plus, l’éclairage DEL s’avère moins énergivore et a une durée de vie plus longue que l’éclairage fluorescent. C’est donc plus efficace et plus adapté à des besoins en éclairage 24 heures sur 24, comme c’est le cas dans l’aérogare.
Récupération de chaleur
En récupérant la chaleur de l’air évacué et en la transmettant à l’air neuf entrant dans l’aérogare au moyen de deux roues thermiques intégrées à même les systèmes de ventilation, YQB peut emmagasiner la chaleur, mais également réduire l’humidité de l’air neuf entrant dans l’aérogare.
Contrôle de l’apport d’air neuf
Des détecteurs de CO2 seront installés à des endroits stratégiques dans l’aérogare afin de réduire l’apport d’air neuf dans certaines zones du bâtiment où l’occupation varie beaucoup, dont les halls d’arrivée et de départ, par exemple. Des sondes présentes dans les détecteurs font varier les moteurs des unités de traitement d’air neuf pour ainsi optimiser le processus d’échange d’air.
Q.4. Êtes-vous déjà en mesure de chiffrer vos économies ?
La nouvelle aérogare a été mise en service l’automne dernier et a accueilli ses premiers passagers le 11 décembre 2017. Il est trop tôt pour évaluer concrètement les économies que l’implantation de ces mesures représente. Il nous faudra attendre d’avoir vécu au moins un cycle complet de saisons pour avoir des données fiables, mais nous avons tout de même quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
- Le recours à la géothermie nous évitera d’utiliser plus de 200 000 mètres cubes de gaz naturel, annuellement.
- Selon les simulations faites par nos ingénieurs, nous devrions connaître un rendement de l’investissement à l’intérieur de nos cinq premières années d’activité.
- Grâce à la récupération de chaleur dans l’air, des compresseurs et de la géothermie, nous avons pu chauffer l’aérogare sans avoir recours au système de chauffage au gaz naturel une bonne partie de l’hiver. Nous avons seulement eu recours au chauffage traditionnel lorsque la température extérieure se situait en deçà de 20 oC.
Q.5. Outre les économies d’argent et d’énergie, voyez-vous d’autres avantages aux mesures qui ont été implantées ?
Absolument. En plus de la réduction des gaz à effet de serre (CO2) d’environ 1 300 tonnes par année, un autre avantage très important est le confort de nos passagers. Par exemple, le chauffage radiant automatisé favorise une température uniforme, peu importe où le passager se trouve dans l’aérogare. Comme il n’y a pas de sorties de chauffage au sol, on s’assure que tous les passagers ont droit au même confort. Les systèmes automatisés limitent également les interventions quant aux réglages de l’éclairage, de la température et de l’échange d’air, par exemple. La beauté des systèmes implantés, c’est qu’ils ont été pensés pour fonctionner comme un tout et non individuellement. Par exemple : la récupération de chaleur sur les refroidisseurs interagit avec trois autres systèmes. En gros, il faut voir les différentes mesures énergétiques installées à YQB comme un seul système qui minimise l’énergie dépensée et maximise le confort des utilisateurs de l’aérogare.
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